mercredi 16 mai 2012

Séville à l'Aube, L'Artisan Parfumeur


Je suis amoureuse de la fleur d'oranger. De celle que je respire à même l'arbrisseau en la clémente saison. De celle qu'il m'arrive de percevoir subrepticement à certains degrés de l'évolution d'une eau de  toilette. De celle qui exhale, plus étourdissante encore, dans mon imaginaire.
Toujours je l'ai désirée fraîche et mutine s'évanouissant dans l'ombre voluptueuse. De ce floral paradoxe, je saisissais les beaux effets avec Fleurs d'Oranger de Serge Lutens, mais le glissement charnel et lascif, se réalisait trop vite parfois, sans prélude.

Furtivement, j'ai  respiré Séville à L'Aube. Une mise en scène olfactive, réalisée par Bertrand Duchaufour et fondée sur le doux souvenir de l'ébauche d'une histoire d'amour brève, entre Denyse Beaulieu et un bel hidalgo, sur fond d'Andalousie et de procession religieuse.

Fraîcheur de l'aube. Exquises et  inattendues, les notes de tête! Zestées, jaillissantes, végétales!  Avez-vous déjà froissé et humé la feuille verte et luisante d'un oranger en fleurs? Dés la première pulvérisation, vous y êtes! Et ce geste, croyez-moi, vous l'accomplissez, un sourire ému aux lèvres, un parfum de félicité accroché au coeur!
Le charme d'un premier regard appuyé. Un clin d'oeil malicieux!

Sensuelles, les notes de coeur. A l'horizon, le soleil se lève un peu plus encore, réchauffe la terre et les quelques bouquets charnus de lavande qui tapissent le sol. Les parfums s'entremêlent, la lumière s'épaissit et la fleur d'oranger se dénude, impudique. Epicurienne. L'accord riche, indolique et languide du jasmin, d'une pointe de cire d'abeille et de la fleur d'oranger, se pare de la douceur à peine vanillée du benjoin de Siam.
Les mains se frôlent. Baisers volés, jamais rendus...

Romantiques, les notes de fonds. Quelques nuages bleutés aux contours imprécis flottent dans les airs. La fleur d'oranger, muse du parfum, se drape d'un voile mauve et mélancolique de lavande Luiseiri de Séville et transparaît derrière les volutes spirituelles et tièdes d'un encens de Somalie.
Il faut se quitter. Demeure la mélodie lointaine d'une souvenance heureuse, d'autant plus belle que fragile et fugace...
            
Gageons que Séville à l'Aube connaîtra  dés fin juillet (date de sa sortie dans les boutiques) tout le succès qu'elle mérite! Un soliflore émouvant, vibrant, frais, doux et sensuel. Une fleur d'oranger accomplie et vraie.

Le sillage de ce parfum est audacieux et sa tenue remarquable, son seul "défaut" résidant dans ces deux mots: Edition Limitée.

17 commentaires:

  1. Mmmmhh...la fleur d'oranger sur des gariguettes...ma madeleine de Proust à moi.
    Mais je m'égare.
    J'espère juste que la "douceur vanillée du benjoin du Siam" ne crie pas trop avec le reste.

    Mère Denis.

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    1. Bonsoir Mère Denis,
      S'égarer dans une coupelle remplie de fraises au mazhar! Quelle aubaine!
      Rassurez-vous, la note benjoin de Siam est on ne peut plus sotto voce. Elle ne fait qu'arrondir la senteur...

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    2. Oups! PS: Le "mazhar" étant de l'Eau de fleurs d'oranger. Un délice culinaire et... cosmétique!

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  2. J'avais déjà lu un ou deux articles sur ce nouvel A.P sur des blogs anglophones! C'est cool d'en avoir un en français! J'adore presque tous les AP, et les collectionne. Cette description me donne encore plus envie de vite me l'offrir! A quel autre parfum ressemble t'il?
    Merci :-)

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    1. Bonsoir Anonyme,
      Difficile de répondre...Cette eau de parfum ayant sa propre identité. Néanmoins, il me semble qu'on peut la rapprocher de Fleurs d'Oranger de S.Lutens. Séville à l'Aube est cependant plus zestée et verte en tête, tandis que ses notes de fonds sont moins "cuminisées", et plus douces et élevées par cette note encens, que je ne retrouve pas dans Fd'O de Lutens .
      Vivement fin juillet, n'est-ce pas?

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    2. Merci Jeeks :-) ça donne envie! ;-)

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  3. Tu as de la chance de pouvoir sentir des parfums en avant-première! Je t'envie un peu ;-). A la lecture de cette belle description, il doit être très joli ce parfum. Parfait pour la belle saison en tous cas!
    Un de plus sûrement, dans mon placard de salle de bain!

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  4. Bonjour Marlena,
    Oui j'avoue et confirme, j'ai de la chance d'avoir pu sentir ce délice en avant-première. Si tu aimes la fleur d'oranger, il y a des chances que cette eau de parfum te séduise vraiment!

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  5. Et voilà! Encore une description qui me met le nez en chasse!
    Il faudra attendre Juillet?

    Comment faire pour patienter d'ici là!?

    @ une prochaine lecture, j'espère!

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    1. Bonsoir Anonyme,
      Las...il vous faudra en effet attendre la fin du mois de juillet pour pencher votre odorat sur cette nouveauté (éphémère) de L'Artisan Parfumeur.
      Patience, mère de toutes les vertus...

      A bientôt.

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  6. Oh ça a changé par ici (oui je sais j'ai un train de retard chère Esmeralda ! :D)

    Bon, vu la signature j'étais plus que prudent car si vous avez bonne mémoire vous avez pu lire ce que je pensais du concept "Petite mort", de Duchaufour également...

    Mais puisque vous en dites du bien, j'y mettrai mon nez un jour, si possible.

    Comme vous j'aime beaucoup le néroli, le néroli bigarade en particulier (la fleur d'oranger amer). Je l'ai travaillé, plusieurs fois, avec les pires difficultés je l'avoue.
    Autant j'ai pu avoir entre les mains de belles huiles essentielles qui senties pures m'enchantaient, autant les mélanges étaient vite dissonants et criards. Il faut dire qu'en naturel, pour cette matière le prix est vite limitant, il faut donc s'efforcer d'en utiliser peu et de l'entourer d'une sorte de reconstitution qui la prolonge... sans la tuer, et même si possible sans qu'elle n'y perde son âme, c'est le plus dur.

    Un de mes premiers essais (hardi) avait porté sur l'association citée par Mère-Denis justement, fraise - néroli ... sans grand succès, c'était douçâtre jusqu'à l'écœurement car il y manquait l'acidité de l'équivalent culinaire.
    Avec du citron ? Guère mieux, le zest n'a pas l'effet acide du jus, ça ne fonctionnait définitivement pas.

    Puis j'ai eu un autre problème, comment la faire durer sans la trahir ? Alors que c'est vraiment une fleur à l'odeur très évanescente, comme vous le dites si joliment "s'évanouissant dans l'ombre voluptueuse".

    Mais finalement on trouve des solutions, des angles d'approche... en tous cas c'est définitivement une drôle de fleur, surtout en parfumerie.

    Pour la prochaine fois j'ai des idées, ainsi qu'une matière que je n'avais pas lors de mes précédents essais. Je ne sais pas quand ce sera (comme toujours, c'est un peu mon problème) mais si je suis satisfait de ma prochaine rencontre avec dame fleur d'oranger je penserai certainement à vous en envoyer un peu.

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    1. Cher Nezherbes!:-)
      Je suis ravie de vous lire! Vos apparitions se faisant si rares et ponctuelles!
      Je constate que Mère Denis et moi ne sommes pas les seules à chérir le souvenir de l'association fraîche et parfumée de la fraise à la fleur d'oranger! Souvenir qu'il est aisé de reproduire cependant, "gastronomiquement" parlant. Sur le plan des senteurs "enflaconnées" en revanche, c'est une toute autre histoire, en effet! Comment restituer ce duo, sans tomber dans la mièvrerie ou la sucraille? Je vous encourage en tout cas à poursuivre cette piste car l'idée me semble excellente! J'espère avoir l'immense plaisir un jour de sentir et poser quelques sujets verbes et compléments sur vos créations atypiques.
      Je compte sur vous, patiemment...

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    2. Ca viendra, ça viendra... j'ai envoyé un certain nombres de petites choses ces temps-ci mais c'était pour ma gagnante de la devinette sur les ambres gris et pour deux autres personnes à qui des choses étaient promises depuis une année voire plus...
      En effet il faut de la patience mais votre tour viendra. Je serai d'ailleurs heureux de pouvoir vous chatouiller le nez par flacons interposés :D

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  7. Nous ne sommes pas les "seuls" et non les "seules" car contre toute attente je suis de la gent masculine ;-) Ce qui n'enlève rien à ma sensibilité et à ma curiosité des parfums.

    A vous lire pour d'autres aventures olfactives.

    Mère Denis.

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    1. Merci pour cette précision Mère Denis.
      J'avais consciencieusement respecté la "nature" de votre pseudonyme, même si, curieusement, mon intuition ne m'avait guère trompée..

      Et pour piquer votre curiosité..., un prochain article sur un merveilleux exclusif de la maison Chanel.

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  8. Mais c'est pas possible! Après avoir lu ton article, et la description si belle que tu viens de faire de ce parfum, il me faut absolument le sentir à présent!!! C'est sans fin !;) Rachel

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    1. Ha Ha!!! (ça c'était un rire sonore). Mais si c'est possible!! Toutefois, je vais t'aider si tu lis bien ce qui suit: Si cela peut tiédir un peu ton ardeur au sujet de Séville à L'Aube, sache qu'il y a des personnes qui prétendent que son sillage est très proche de l'odeur d'un médoc (que je prenais enfant, peut-être toi aussi d'ailleurs....?) dont le nom est LOCABIOTAL ..... eh bien en réalité: c'est un peu vrai.........ooops...^^.... en plus joli quand même! Reste que ce n'est pas ma fleur d'oranger préférée....A toi de voir ;-)

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