dimanche 1 novembre 2009

Shalimar


Commentaire: Oui....."Comment taire" ce parfum qui m'a accompagné fidèlement pendant deux décennies? Il a été le coup de foudre absolu! J'avais enfin trouvé cette note ambrée, épaisse, incisive, que je cherchais tant.
Son départ de bergamote fusante et gaie laissait la place sans heurt à une vanille caramélisée, ambrée, cuirée à souhait.
Un ambre "cuiré" que je qualifierais de" gris", en référence à ces petites fioles bon marché Spiritual Sky que l'on trouvait dans les boutiques "Exopotamie" de mon adolescence, et que je m'offrais souvent. Dans Shalimar, je retrouvais une pointe de ce fameux ambre gris. Et j'en étais folle. Quelle classe! Un oriental qui accomplissait l'exploit d'être à la fois frais, brûlant et gourmand. Je comprends aisément que les garçonnes des années folles à la recherche éperdue d'orientalisme, soient tombées amoureuses de Shalimar! Ah Jacques Guerlain était décidément le plus grand parfumeur de tous les temps (cela n'engage que moi et j'ai une grande admiration pour Ernest Beaux -le 5 de Chanel- ainsi que pour le cultissime couple Daltroff et Wanpouille chez Caron, pour ne citer que les anciens.).
"Shalimar forever" chuchotais-je lors de mes "parfumages". Oui mais, c'était sans compter sur l'épouvantable monstre avaleur de luxe LVMH. Aussitôt Guerlain racheté par Sieur Bernard Arnaud et sa clique de joyeux lurons, aussitôt les différences dans les jus se sont-elles fait ressentir! A mon nez, Shalimar a d'abord été modifié à la fin des années 90. Première déception, minime cependant. Et puis au fil des années, tranquillement, la maison Guerlain a reformulé le mythe pour parvenir à un parfum plus strident en tête et quelque peu plus déséquilibré dans son ensemble.
Ses notes de têtes n'ont plus la tendresse incisive de la bergamote, mais sont devenues acidulées, nettement citronnées. Les notes de cœur apparaissent brutalement sans le glissement soyeux qui fut jadis. Quant aux notes de fond, on perçoit dans la mêlée une vanille plus "cheap" et ordinaire que celle qui fut autrefois. Toute cette dimension ambrée veloutée, cuirée, s'est affadie. Un mot sur la tenue de l'eau de toilette: Là encore en comparaison de l'eau de toilette des années 80/ jusqu'à 1995 environ, c'est le caractère "plus faible" qui l'emporte.

Repose en Paix Shalimar...Tu fus l'un des plus beaux parfums créés. Le feu qui t’animait jadis s'est amenuisé. J'ignore pour quelle raison d'ordre économique ou pour quelle absurdité décrétée par l'IFRA, on t'a ainsi anesthésié, mais je le déplore et me souviens de toi tel que tu fus dans ta splendeur passée, avec une nostalgie sans fond.

Reste l'extrait pour les amateurs et ceux dont les bourses se délient facilement, il est plus fidèle à l'original mais, là encore, je ne le reconnais plus vraiment.

Mise à jour: 06 avril 2013: Je reviens vers mon premier amour depuis peu. Je crois qu'il a été retouché incessamment, car je parviens à retrouver de  vraies émotions en portant l'eau de toilette (un cru de septembre 2012).
Alleluya!!! 

6 commentaires:

  1. C'est exactement ce que je pense !
    Je ne suis donc pas la seule à avoir ressenti ce changement.
    Ce fut un de mes premiers parfums.
    Je ne le reconnais pas.

    Peut-être savez-vous, si pour Chanel, "Antaeus" il en a été de même ? Idem, je ne le reconnais plus, il me paraît fade, plat.

    Merci encore !

    Bambou

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  2. Bambou,

    Hélas depuis quelques temps déjà, et ce sous le coup de normes imposées par L'IFRA (et parfois pour des raisons économiques ou de matières devenues rares), une grande majorité des chefs-d'oeuvres de la parfumerie a subi des transformations. Violentes parfois, au point de les défigurer.
    J'ignore si Antaeus de Chanel a subi une reformulation? Il me semble que Chanel reste l'une des rares maisons de prestige à conserver la belle qualité de ses jus. Le N°5 en extrait et en eau de toilette n'a pas changé depuis des années, il en va de même pour Coco.
    Néanmoins si vous avez perçu une différence à Antaeus, gageons qu'il y ait bel et bien eu reformulation...

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  3. Je suis, hélas, tellement de votre avis concernant Shalimar. Quel gâchis ...

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  4. Oui Irène, quel crève-coeur ce Shalimar désincarné...
    Merci de m'avoir lue.

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  5. quoi? même Shalimar?!!!je m'en doutais bien, qu'il n'avait pas pu échapper à cette dégénérescence organisée...(Formatage des sensations, plus exactement)mais cela avive ma curiosité pour la fragrance d'origine! Heureusement, votre plume, trempée dans cette encre lumineuse qu'est le parfum, est éloquente à souhait!

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    1. Eh oui, Polixène :-) , même Shalimar est passé sous le rouleau compresseur du "formatage des sensations" (la formule est si juste!). En vérité, très peu d'anciens parfums ont été épargnés...
      Merci en tout cas de votre passage ici, et de vos mots à la fois élégants et bienveillants.

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