vendredi 5 mars 2010

Douce Amère de Serge Lutens


C'est un fait que j'observe en prenant de l'âge. Plus le temps passe, plus je mûris, moins les senteurs sucrées et gourmandes, fruitées, confites, vanillées, me séduisent.
Je demeure néanmoins une véritable amatrice du moelleux, des orientaux, des chyprés, des ambrés et autres épicés.
Sur le chemin de mes découvertes parfumées plus ou moins convaincantes, j'ai rencontré Douce Amère de Serge Lutens.
Douce Amère est une fragrance composée par Christopher Sheldrake en 2000 pour l'esthète parfumeur, Serge Lutens.
Mais au-delà de son nom qui m'a d'abord interpellée, il y a cette curieuse composition parfumée qui vous entraîne sur une piste peu ou prou explorée, une terre presque vierge, un espace de contrastes, de singulières contradictions, d'ombre et de lumière, le tout nimbé d'un voile de douceur.
Tout est dit dans ce nom porteur d'une forme de mélancolie...
A la vaporisation je perçois une cannelle adoucie par une fleur de tiaré et étrangement il se produit un effet "alimentaire" auquel je ne m'attends pas du tout. Je sens poindre une note gourmande, veloutée...un peu celle que je sens lorsque je râpe des copeaux de chocolat.
Un savant mélange ici de chocolat blanc et noir, mais ces notes sont absolument digestes. Point d'exagération calorique dans ce passage, (à la différence de Rahat Loukoum par exemple!).
Le plus surprenant est à venir cependant, car s'installe au fil des minutes la fameuse phase "amère"... Les larmes d'absinthe, herbe âcre, fée verte, coulent et tracent des sillons dans l'onctueux mais discret chocolat. Elles sont accompagnées de notes anisées qui confèrent une stupéfiante note de fraîcheur à la composition.
Les notes de coeur sont donc empreintes à la fois d'une suavité gourmande et d'une fraîche amertume. Singulière fragrance, paradoxale, presque déchirante comme une main tendue qui s'éloigne inexorablement...
Le troisième et dernier acte est à mon nez moins intéressant, il fait la part belle à une vanille chaude, boisée et musquée. On en oublierait presque l'improbable et belle dissonance de la phase intermédiaire du parfum...

Le temps s'égraine, je vieillis, les sucreries parfumées m'indiffèrent, au mieux m'amusent, mais je confesse avoir été envoûtée par la beauté gourmande non conventionnelle des deux premières phases de Douce Amère.


Notes: L'absinthe, la cannelle, le tiaré, le jasmin, le lys, la vanille.

NB: Il semblerait que ce parfum soit voué à disparaître tout prochainement de la collection export Serge Lutens, il devrait cependant en principe réintégrer les Salons du Palais Royal.

10 commentaires:

  1. il va falloir que je me repenche dessus, il me semble qu'il m'avait "dérangé" (dans le sens écoeuré)

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  2. C'est vrai que ce n'est pas un parfum "facile"...Il sort des sentiers battus. Par contre pour ce qui est de l'écoeurement, je le ressens d'avantage avec Rahat Loukoum, ou encore Arabie qui sont à mon nez plus sirupeux et plus compacts.
    Douce Amère a quelque chose de velouté, plus light que les deux précédents...
    A sniffer encore pour te faire une nouvelle opinion ou pour persister dans celle que tu avais déjà ;o))

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  3. Hélas un des rares Lutens qui m'avait écoeurée, comme toi, light.
    Mais c'était il y a longtemps, et selon ton conseil, jeeks, il est temps pour moi de braver ma réticence et d'aller le sniffer...sait-on jamais !
    Encore une fois, je crains les notes anisées, l'absinthe ne me plaît pas plus que cela, le chocolat, je ne l'aime qu'en tablette, et l'association tiaré/jasmin/lys me fait craindre la nausée...

    Mais courageuse je serai ! ;-)

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  4. Fichtre! Diantre! Que d'écoeurements par ici!
    ...Grand moment de solitude pour moi... :s

    Même si j'ai en effet trouvé les notes de fond un peu ordinaires, (dans le style d'Un Bois Vanille d'ailleurs), les deux "premiers mouvements" de Douce Amère m'ont été très agréables.

    Valdelia, peut-être at'il été reformulé lui aussi et subi un "allègement" au passage...?

    Merci de vos témoignages! Quand même ! ;o))

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  5. ..."Aahh j'oubliais"...(toute "ressemblance" avec un personnage fictif de type: Inspecteur Colombo est purement fortuite...). J'ai longuement attendu et cherché les notes de Jasmin et de Lys...sur ma peau elles n'ont pas daigné se montrer, les chipies!
    Participent-elles dans un fondu enchainé, à cette note gourmande chocolatée? May be.. baby!

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  6. Sac à papier ! En lisant trop vite, j'ai lu "fondue chocolatée" :( ! Cela m'a achevée ! ;-))

    Mais...si lys et jasmin ne pointent pas le bout de leurs pétales, je vais le sniffer !

    Chose promise...

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  7. Ombre et lumière... je le voyais comme un chaud-froid. Clairement, un parfum de contrastes, gourmandise mais pas vraiment, paradoxes olfactifs... je ne supporte pas l'anis, mais j'ai un flacon de Douce Amère, et je le chéris! Paradoxes, paradoxes ;)

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  8. Rahat, ecoeurant??? meuh non, c'est de la bombe :) (pti clin au post suivant^^)
    Bon c'est clair, c'est du sucré.. mais ça me plait hihi

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  9. Six,

    Oui en effet le paradoxe réside ici à la fois dans le parfum et dans l'heureux possesseur !
    A la bonne heure, si tu le chéris, il est entre de bonnes mains!

    Valdelia,

    ...chose due ;o)

    Lightblue,

    non Rahat n'est pas écoeurant mais bien plus sucré et sirupeux que Douce Amère à mon nez!
    Ceci étant dit, Rahat c'est de la bombe , ça déchire, un truc de ouff !!! ;o))

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  10. Euhhh Six', j'aurais mieux fait d'utiliser le mot "détenteur" et cela donnerait une sorte de :
    "Le paradoxe réside....et dans l'heureuse détentrice"

    voilà-voilàààà....^^

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