Fouler des heures durant, de tes menus pieds, l'immensurable
étendue sauvage de la lande écossaise. L'âme noyée dans de crépusculaires et
spectrales réminiscences; le cœur suffocant de désirs mais tellement enchaîné
par les convenances et les secrets. Le souffle court, haletant, Jane
respirais-tu les parfums de l'envahissante bruyère pourrissant sous
l'infatigable bruine glacée? Percevais-tu l'odeur minérale humide et froide de
la roche noirâtre, comme sépulcrale, sur laquelle résonnait ton pas isolé?
Qui n'a jamais traversé les heures, les mois, les années
dans l'attente de la lueur, ne peut saisir le paradoxe des sentiments éprouvés
dans le long étirement du temps. Alternance nerveuse d'espoir et de désillusion.
Et puis, un jour...
Jane Eyre, ce jour-là, as-tu pressenti que ton âme sœur était à
l'orée de ta vie, quand tu piétinais les feuilles mortes du sous-bois jouxtant
Thornfield Hall? Lorsque tu as penché
ton visage sur le sien afin de lui offrir ton secours candide, as-tu senti s'exhaler de ses vêtements, l'odeur
animale et cuirée de sa monture? Ou peut-être as-tu
saisi l'effluve âpre du tabac qui imprégnait sa chemise? Ses cheveux emprisonnaient-ils
l'odeur de la terre et des vents amers? As-tu, le ventre meurtri d'émoi, un bref
instant, humé la peau vive et palpitante de son cou? Dés lors Jane, as-tu deviné
les parfums d'une aube nouvelle?
Si tu étais une fleur Miss Eyre, tu serais, comme beaucoup
d'entre nous, une jacinthe des bois. Une parmi des millions d'autres. Humble,
petite, fragile, mais "Bluebell" tu as, oui, c'est vrai, un cœur et
une âme qui s'élèvent par delà l'ordinaire! Au mois d'avril dernier, je me suis
inclinée devant toi et j'ai eu l'audace de te cueillir. Puis je t'ai déposée
dans ce vieux livre fidèle, jauni, écorné qui porte ton nom.
A toi, jeune fille! Petite sœur d'âme. Et, surtout à Vous,
Charlotte Brontë, dont je bois les mots à longs traits, délices désuets mais ô
combien désaltérants.
Avez-vous, chère Jeeks, déjà traversé les forêts autour de Romorantin en Sologne? C'est exactement ça ! Odeur de bruyère mêlée de terre. Intriguant!
RépondreSupprimerMère Denis.
Bonsoir Mère Denis :-)
SupprimerNon...je ne connais guère la Sologne; je l'imagine couverte de forêts voilées de brumes. Je n'ai jamais senti l'odeur de la bruyère. Selon Jane Eyre (ou Charlotte Brontë) celle-ci aurait une senteur mélangée de pommes et d'épices.( Aurait-elle des arômes de Tarte Tatin...?!)
Il faudrait que je remédie à ces lacunes! Merci de m'en avoir fait part.
Vous m'avez fait frissonner Jeeks. Merci.
RépondreSupprimerElisabeth V.
Contente que cela vous plaise Elisabeth V.
Supprimer(Je me suis laissée emporter par la B.O envoûtante du film de Cary Fukunaga ;-))
C'est fin et sensible, un petit odorama "brontesque" dont j'ai grandement apprécié la lecture
RépondreSupprimerAnonyme,
SupprimerMerci beaucoup!
Ohh ma Jeeks-Chérie,
RépondreSupprimerJe ne suis pas venue sur ton blog depuis trop longtemps...J'ai raté ta nouvelle mise en page! Tes nouveaux posts! Et surtout ton univers qui me fait du bien décidément!
Ce post sur Jane Eyre, (je sais combien tu aimes cette héroîne) est superbe. J'ai vu le film avec Mia et Fassbender et j'ai adoré, tout comme toi je pense.
C'est vrai que la musique du film est splendide! C'est tellement romantique tout ça! N'est ce pas ma Jeeks?!
Kiss-kiss ma belle!
Véro.
Bonjour ma Véro!
RépondreSupprimerMerci!
Romantique, Jane Eyre? Oh Véronique: Oui! Mille fois oui! C’est le romantisme porté au firmament! A son paroxysme! (soupir de béate complaisance).
Comme le monde a changé... N’est-ce pas..? Aujourd’hui un sms (...small merdouille simpliste??) de “Kevin” à “Jennifer” (rencontrée la veille), avec le dernier Ail-Faune, du genre: “ T tro bonne! Se soir sa te di un plan Q?” et hop, l’affaire est dans le sac! (soupir de profonde –abyssale- consternation).
Dites, Monsieur H.G Wells, il n’y aurait pas une petite place de plus dans votre machine à explorer le temps? Non?? Comment ça "non"?! :-(
Pas grave... Je demanderai à Marty McFly et à Doc ! Nom de Zeus!!
Bisettes!
Jeeks, tu as complètement raison! Tout se perd! Je peux venir avec McFly Doc et toi? ;-)
RépondreSupprimerGros poutoux!
Véro.
...on en rit, mais c'est tellement triste...
SupprimerLa portion congrue qui subsiste de l'amour et de la passion, souffre dans les méandres d'un monde frileux et prosaïque.
:-(
J'aime beaucoup ce texte sur Jane Eyre... On s'y croirait. C'est très beau.
RépondreSupprimerJ'en suis ravie...Merci!
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerPassionnée par les œuvres des soeurs Brontë, j'ai été guidée ici depuis le très vénérable "Brontë Blog" qui vous cite.
(http://bronteblog.blogspot.com/2012/09/charlotte-and-gang.html) et comme je suis belge, j'ai vraiment apprécié la lecture en français de votre petite incursion dans le monde de Jane Eyre! Félicitations!
Bonjour Gentiana!
SupprimerJuste ciel! Comment et où m'ont-ils débusquée? Ce Brontë Blog est incroyable. Il est si...exhaustif! Merci beaucoup Gentiana, votre message me surprend, me fait plaisir, et m'informe d'un site très intéressant!
OMG, votre texte est MAGNIFIQUE! clap clap clap!
RépondreSupprimerOoh... Merci beaucoup Florian!
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