Balahé de Léonard , né en 1983 sous l'impulsion créative de Daniel Moliere s'inscrit fort bien dans la lignée des beaux parfums de ces années Quatre-Vingt que j'affectionne tout particulièrement. Serge Mansau a habillé son émouvante et sensuelle fragrance d'un magnifique flacon noir ébène dont la forme m'évoque un galet poli et gravé par les embruns.
Adolescente, je possédais une miniature presque vide de ce parfum. Je me contentais alors uniquement d'en admirer les courbes et contours.
J'ai respiré Balahé sur un chemin de hasard, pour la première fois, au courant de l'année dernière. Comment ai-je pu passer tant d'années à côté d'un si beau parfum sans mieux faire sa connaissance? Toutes ces années passées sans Balahé...quel dommage. Et ma peine est d'autant plus consistante aujourd'hui, que je sais ce parfum discontinué. Trop tard...too late now....
Ce parfum ouvre son carnet de voyage exotique sur des notes fruitées-aldéhydées. On est cependant très loin des notes criardes fruitées et sirupeuses retrouvées dans chacun de ces flacons des années 2000. Balahé déroule des notes moelleuses confites de prunes, presque "mirabellées", et d'ananas mais sans jamais sombrer dans ce désormais trop coutumier jus multi-fruité chimique. Ces mêmes notes gourmandes de Balahé sont d'ailleurs tempérées par une bergamote lumineuse et relevées par le froissement de pincées aromatiques d'anis et de sauge.
On glisse ensuite en douceur dans un bain tiède de fleurs blanches (tubéreuse, ylang-ylang, iris, jasmin, fleurs d'oranger) . Là encore à me lire, on pourrait penser mais à tort, que ce bouquet magistral de fleurs blanches confère une odeur quelque peu savonneuse à l'ensemble. Il n'en est rien, croyez-moi... Là tout n'est que soie, velours, dans une plaisante obscurité.
Les notes de fond sont juste sublimes... Dans un parfait équilibre, elles déploient des trésors de sensualité grâce à la vanille, l'opopanax, le santal, et ce à travers le voile d'une suavité à peine animalisée de civette et de musc.
On se rapproche un peu du prodigieux Poison de Dior et du daté Loulou de Cacharel, mais là où ces derniers s’époumonent à pousser des notes wagnériennes, Balahé se love et demeure dans un répertoire plus intime, plus doux. Sotto Voce...
Je finis mon flacon et regrette dés à présent le jour où je n'en trouverai plus. Il me manque déjà...tant.