samedi 17 avril 2010

Black Orchid, Voile de Fleur. Tom Ford.


1978, je ne suis alors qu'une fillette très impressionnable, particulièrement ébahie et émerveillée par deux longs métrages.

Le premier:" l'Homme qui rétrécit", qui m'a à jamais indisposée lorsque je me trouve en présence d'une araignée d'auguste dimension...

Le deuxième : "Le Magicien d'Oz", m'a sûrement confortée dans ma complaisance pour les road movies. Les quatre adorables comparses suivant inlassablement (à pieds certes...) la route de briques jaunes jusqu'au château du pathétique magicien d'Oz, m'ont transportée de bonheur! Pendant des années je fus fidèle au poste (de télévision) lorsque Dorothy et l'hideuse, imbuvable Sorcière de l'Ouest y pointaient le bout de... leurs rutilants souliers de rubis!

Quel lien y a t'il entre Black Orchid Voile de Fleur (2007) et ce petit préambule?

Mon allusion au Magicien d'Oz est née de la pulvérisation de cette eau de toilette, car j'ai eu la fabuleuse sensation de flotter au dessus de cette prairie de fleurs scintillantes et merveilleusement odorantes mise en scène vers la fin film, mais qui n'est autre qu'un piège "toxique et soporifique" de la sorcière. (Mais non, je vous assure que je ne bois pas mes parfums et que mon seul opium est d'Yves St Laurent !).

En tête donc et à mon nez, une très nette dominante de chèvrefeuille et de gardenia se dégage. Une véritable sensation de plénitude olfactive m'a gagnée pendant quelques dizaines de secondes! Les fleurs y sont gaies, pétulantes, comme fraîchement cueillies ou bien humées à l'heure où le soleil ne réchauffe pas encore leur parure.

Dans un fondu enchaîné très harmonieux on parvient à l'étape suivante. Les fleurs blanches de BOVdF semblent se caraméliser, comme léchées par le soleil. Ces mêmes bouquets auparavant mutins et vivaces, s'alanguissent sous la chaleur du bel astre alors que je sens percer des notes fruitées de prunes, mais aussi une pointe timidement acidulée (cassis?).

Je suis conquise, même si pour l'instant je ne fais que décrire ce que je blâme souvent: le fameux fleuri-fruité,"freuti-fluiré" si ...routinier! Bref... Celui-ci a un je-ne-sais-quoi qui m'attire...(!)

Le temps de m'assurer que ce parfum me séduit, s'approchent des notes plus épicées (poivre noir? cannelle?), le tout prend une consistance moelleuse, épaisse, les fleurs se sont presque évanouies pour laisser la place à une sorte d'exhalaison de tarte aux prunes, nappée de vanille timide mais onctueuse...Quel tour de magie!

Ainsi, on passe d'un fleuri étourdissant à un mi-gourmand épais, épicé, légèrement vanillé....Sans heurt, dans une sérénité absolue.

Si cette eau me séduit c'est sans doute parce qu'à mon sens, je lui trouve des affinités avec Coco de Chanel en eau de parfum.
Quelques points communs les unissent: fleuri-orientaux, épicés, baumés.... Leurs différences les complètent : Alors que Coco en eau de parfum se porte à merveille durant les fraîches et froides saisons, ce BOVdF pourrait être son pendant primesautier et estival.

Sa tenue est exemplaire mais son sillage assez capiteux ne souffre pas de la chaleur.

Je viens de lire la "composition" de cette eau de toilette: mon nez insuffisamment affûté ne semble pas reconnaître la truffe noire, l'orchidée noire, le bois de lotus, le patchouli... Ces mêmes notes se fondent sans doute imperceptiblement au tout, pour aboutir à cette ravissante et sexy eau de "bonne humeur".
Je n'y sens pas la moindre notion d'obscurité (malgré le flacon noir et tous les noirs ingrédients de la recette...) . Bien au contraire....
Somewhere over the rainbow, bluebirds fly, and the dreams that you dreamed of, dreams really do come true...

Les notes: truffe noire, ylang-ylang, bergamote, cassis, chèvrefeuille, gardénia, lys épicé, orchidée noire, de prune noire, de poivre noir, le bois de lotus, des fruits succulents, lait chaud, cannelle, vanille , patchouli, baume, bois de santal.

mercredi 7 avril 2010

Homme sweet OM







En survolant les quelques pages de ce blog, je me rends compte à quel point ces messieurs y sont laissés pour compte. Donc, messieurs, s'il vous arrive de vous égarer ici, veuillez ne pas trop m'en tenir rigueur. Aussi, aimerais-je énumérer et ce, en toute simplicité, quelques parfums masculins qui m'ont émue, marquée, au fil de mes quelques quarante dernières années.

Une odeur toute paternelle d'abord. Un parfum qui "sent bon le papa" depuis...toujours! Fidèle à son parfum pendant toutes ces années sans jamais oser porter une autre fragrance.
Petit papa émouvant, petit docteur de mon cœur, papa qui porte Pour un Homme de Caron, chaque jour, et éternellement. Une lavande sèche écrasée sous les doigts, sous un soleil ardent, elle est enveloppée d'une gousse de vanille douce et onctueuse. Un parfum qui sent le bisou! L'an dernier au détour d'une promenade parfumée, j'ai eu le bonheur de découvrir Impact Pour un Homme: une version plus dense et proche d'une formule "extrait", de Pour un Homme. Un pur prodige, un véritable velours de lavande, onctueux, chaleureux.

Adolescente, je suis tombée sous le charme de Drakkar Noir que de nombreux copains portaient alors. Un comble qu'il me faut avouer non sans rougir: J'étais tellement séduite par cette eau de toilette, que je m'en étais offert un flacon. J'ai aimé porter cette eau résolument masculine, très "cash".  Sa lavande synthétique et ses notes "sévèrement burnées" ont contribué (mais si!) à mon intérêt actuel pour les parfums! Un parfum qui à mon nez, fait référence à l'insolence de la jeunesse, aux pétarades des 103 sport "kitées"!
Puis il y eut Polo de Ralph Lauren, des notes vertes à foison, de pins et conifères, une fraîcheur un peu rêche, comme des draps séchés sous le soleil des plus hauts sommets... des Vosges! Un parfum qui sent la complicité, une belle gaieté!
Gentleman de Givenchy et ses notes métalliques, son patchouli entêtant mais sans jamais perdre une once d'élégance. Un parfum urbain-chic.

Grey Flannel de Geoffrey Beene que j'avais découvert avec ma copine Monique, et que nous portions alors toutes les deux, nous fichant bien à l'époque du qu'en-dira-t'on. Il faut admettre que Grey Flannel et sa note dominante d'iris/violette ne reflète en rien la puissance "hormonale" des parfums masculins à la mode dans les années 80. C'est une eau de dandy, une fragrance délicate aux allures de Rupert Everett.

Il m'est arrivé aussi une ou deux fois, de tomber en arrêt dans la rue, simplement en croisant un passant.
A genoux, les bras en croix devant l'éberlué quidam, je l'implorais de me dévoiler le nom de son parfum! Non, bien sûr que non! Mais je filais à toute allure (son sillage enfermé dans ma mémoire) vers la première parfumerie venue, pour y débusquer l'obscur objet du désir: Mes enquêtes furent longues et parfois pénibles mais c'est ainsi que je "fis connaissance" avec les sublimes Habit Rouge de Guerlain et Chanel pour Monsieur.

Tout dernièrement à Strasbourg, j'ai eu la surprise de trouver un flacon du Mouchoir de Monsieur de Guerlain au Printemps.Une lavande vanillée encore, mais si douce, si poudrée, si bien éduquée. Sa tendresse et sa lumière m'ont bouleversée. Hélas sa tenue laisse un peu à désirer, semble t'il.

D'autres jolies choses pour "vous les hommes" (à mon goût, bien entendu.): La love Potion LP n°9 de Penhaligon's où L'ylang ylang, l'iris, les épices, la vanille et le patchouli en font un véritable philtre d'amour en effet... Aphrodisiaque (du moins je le pense, pour l'avoir senti sur touche uniquement). Dior Homme ( senti sur touche uniquement aussi), ou les volutes d'un iris poudré, subtil et sophistiqué, et dont les notes de fond un peu cuirées sont une vraie merveille.

Ambre Sultan de Serge Lutens aussi, chaud, résineux, luxuriant.
Une invitation à la danse des sept voiles!
Terre d'Hermès, un très beau "déjà-classique". Une intéressante construction fraîche, hespéridée et boisée, légèrement cuirée sur le fond.

Voilà messieurs, quelques-unes de mes préférences parfumées masculines. Mais je reste toutefois convaincue que l'argument "parfum pour homme" est purement d'ordre "marketing".
Vous l'avez sûrement subodoré, je défends avec ardeur l'idée que les parfums n'ont pas de sexe! On porte ce qu'on aime. Point.
A vos atomiseurs messieurs!

jeudi 1 avril 2010

Fleurs d'Oranger de Serge Lutens


1er Avril et pourtant l'hiver perdure... Il me suffit de tendre l'oreille du fin fond de ma verte contrée, pour entendre s'élever la rumeur d'une cohorte de voix unanimes, exprimant avec une rage certaine, l'insatisfaction météorologique ambiante. N'y tenant plus, je me joins à cette nuée vocale et fulminante!
OUI! Marre! Stop! Assez! Ras-le-bol! Nous sommes gavés de froid, de vent, de pluie, de bise glaciale, d'averses, de nez qui coulent, de thermomètres qui grimpent!
Allez ouste! Du balais! Casse-toi! Tire-toi! Dégage! Sale temps pourri, moisi!
Au feu (au placard ça ira aussi...) les manteaux, doudounes, trenchs, et autres chaussettes en laine de lama!
Nous voulons du soleil! Une brise douce et tiède qui s'insinue dans nos cheveux et nos vêtements légers. Nous voulons ronronner, nous étirer dans la chaleur, griller à feu doux derrière les vitres des nos véhicules.

En attendant que Dame Nature veuille bien honorer nos souhaits, il ne nous reste plus qu'à faire "comme si" !
Une fois franchi le pas de votre porte, vous pouvez si vous le souhaitez, revêtir votre maillot de bain, vous préparer une pina colada puis dans le même élan, enfiler vos tongs, vos toutes dernières Ray Ban, et vous allonger enfin mollement sur le canapé. Un oeil distrait sur la chaine Voyage et l'autre, morne, sur Voici-Voilà-Galagala!... et soupirer (éternuer un peu aussi...) de toute votre aise!

Ou bien... Ma petite solution, plus simple, plus rapide (...et un rien moins ridicule): Sortir de vos armoires l'une des armes les plus efficaces qui soit en matière d'évocation : Le parfum. Celui que vous ne portez qu'en été, quand il fait chaud, ou celui qui éveille en vous les images les plus torrides et calientes de votre répertoire fantasmatique!

Aujourd'hui j'ai choisi Fleurs d'Oranger de Serge Lutens (crée en 1995 par Christopher Sheldrake et Serge Lutens).

Une simple pression de l'index sur le vaporisateur et me voilà transportée par l'intermédiaire du fameux "vecteur spatio-temporel" Serge Lutens! Je me trouve alors dans un patio lumineux, chaleureux, bordé d'un jasmin capiteux et nocturne mais aussi d'orangers en fleurs dont le parfum exhale des notes mutines mais si peu farouches car enhardies par la tubéreuse. Une étourdissante entrée en matière! Radieuse, gaie, sensuelle, fraîche!
L'impression de destination méditerranéenne est immédiate!

La phase suivante est toujours blanche quoique plus chaleureuse et il vient se fixer une note épicée, un peu sauvage, qui "animalise" et sexualise un tantinet la blancheur fleurie. Il s'agit de notes de cumin (familières dans l'univers Lutensien, on retrouve l'insolence maquillée de sueur du cumin dans Féminité du Bois, Arabie et El Attarine notamment) et de muscade. Sur la peau l'osmose est grandiose: de chaleur sèche on a la sensation de passer à une douce moiteur...

Les notes "finales" sont moins remarquables hélas dans le sens où je les trouve plus feutrées. Elles s'évanouissent simplement dans la réminiscence d'un jasmin doux et sage.

Quoiqu'il en soit, Fleurs d'Oranger de Serge Lutens est à mon nez un des rares flacons à porter le soleil et l'évasion en lui. Un soleil gai, sensuel, chaud, fleuri, épicé, vibrant.

Sa tenue est excellente et son sillage puissant. Normal, c'est du Lutens!

Je me suis cependant laissée dire que Fleurs d'Oranger avait été reformulé lui aussi... Moi, je vous parle d'un temps que les moins de 5 ans ne peuvent pas connaître, Fleurs d'Oranger en ce temps-là...(Mon décant étant issu d'un flacon pré-reformulation.)

Il semblerait que depuis 2005, les aficionadas ne retrouvent plus la même empreinte sensuelle et troublante qu'auparavant. La nouvelle formule étant à leur nez plus convenue et plus sage.
Mais je fais confiance à Mr Lutens, il n'est pas homme à laisser vandaliser son oeuvre. La reformulation doit sûrement être plus qu'acceptable.

Tiens, il faudra que je vérifie cela très vite...!


Tête : Fleur d'oranger, Jasmin blanc, Tubéreuse des indes
Coeur : Rose blanche, Zeste vert
Fond : Musc végétal, hibiscus, Cumin, Muscade