jeudi 25 mars 2010

Balenciaga Paris


Il me faut avouer avoir attendu sa sortie avec une forme d'impatience! Admiratrice du Dix de Balenciaga, un ravissant accord violette/iris, poudré à souhait, et toujours aérien datant de 1947, j'étais dans l'expectative de ce nouvel opus dont le nez créateur n'est autre qu'Olivier Polge, et le directeur artistique l'exigeant Nicolas Ghesquière.
La violette est sensée donner toute sa mesure dans cette orchestration des années 2000.
Alors oui...en effet, c'est bien de violettes qu'il s'agit ici, avec, à l'instar d'Insolence de Guerlain ou même d' Aimez-Moi de Caron, "toujours" cette dimension légèrement sucrée et nettement fruitée apportée à la composition florale et boisée. J'écris le mot "toujours", parce que cette tendance fruitée est récurrente et quasi omniprésente dans la parfumerie depuis quelques années déjà.

Les notes de tête évoquent donc à mon nez, manifestement, une salade de fruits rouges, cerises, et poires juteuses dans laquelle on aurait très généreusement déposé des brisures et éclats de bonbons à la violette, sans omettre la petite pincée de baies roses (très tendances elles-aussi...) pour pimenter et "aiguiser" le tout.

Dans un deuxième temps l'eau de parfum se poudre, de façon assez cosmétique. Ce n'est pas sans rappeler les odeurs de certains de nos poudriers et autres rouges à lèvres.
A mesure que les notes fruitées s'évanouissent, je sens poindre une note d'iris qui rejoint timidement la violette-bonbon.

Le dernier volet reste dans les mêmes tonalités mais devient plus cotonneux. La violette-bonbon se fait imperceptible à mon nez, et seules subsistent des notes d'iris, peut-être un soupçon de cèdre et de vanille( en véritable sourdine!) et des muscs blancs, doux et vaporeux. Ces mêmes notes de fond me remémorent d'ailleurs un parfum que j'avais complètement oublié: Âme Toscane, du Monde en Parfums.

L'ensemble de la composition me paraît agréable et assez élégant.

A mon humble avis, ce Balenciaga Paris, réussit la gageure d'être à la fois moderne, très consensuel, et finalement classique... Il devrait plaire au plus grand nombre...
Petite "violette" sur le gâteau: le flacon est sobre mais très chic

dimanche 7 mars 2010

Petit dialogue contemporain autour de Bronze Goddess, Estée Lauder


Deux adolescentes (ou post-adolescentes, je ne sais plus faire la différence) dans un Sephonnaud du coin, je tends l'oreille:

- Woaaa..., Sabrina! P'tin viens-là Sabrina!!!

- Qoâââ! P'tin kess' tu m'veux?

- Sens-ça!...'Tin ! Comment ça déchiire !!!

- Hmmmm! Comment ça sent trôôô bon ton truc là!!! 'Tin', c'est quoi c'te bombass ??!!!

- Bronze Goddess!

- C'est pour bronzer en plus? Attends-ohhh, trôôô biien!!!

- Woaââ, comment je le surkiffe celui-là!!!!

- Je finis mon Amor Amor et je me prends celui-là, y' sent trôôô la plage!!

- T'as pas interêt, çuila il est pour moââ!

- ...'Tin tu délires grave toââ! Vas te faire foutre !!!




...


Les notes : Mandarine, bergamotte, citron, orange.
Tiaré, jasmin, magnolia, fleur d'oranger, lavande, noix de coco
Ambre, santal, vanille, vetiver, myrrhe

vendredi 5 mars 2010

Douce Amère de Serge Lutens


C'est un fait que j'observe en prenant de l'âge. Plus le temps passe, plus je mûris, moins les senteurs sucrées et gourmandes, fruitées, confites, vanillées, me séduisent.
Je demeure néanmoins une véritable amatrice du moelleux, des orientaux, des chyprés, des ambrés et autres épicés.
Sur le chemin de mes découvertes parfumées plus ou moins convaincantes, j'ai rencontré Douce Amère de Serge Lutens.
Douce Amère est une fragrance composée par Christopher Sheldrake en 2000 pour l'esthète parfumeur, Serge Lutens.
Mais au-delà de son nom qui m'a d'abord interpellée, il y a cette curieuse composition parfumée qui vous entraîne sur une piste peu ou prou explorée, une terre presque vierge, un espace de contrastes, de singulières contradictions, d'ombre et de lumière, le tout nimbé d'un voile de douceur.
Tout est dit dans ce nom porteur d'une forme de mélancolie...
A la vaporisation je perçois une cannelle adoucie par une fleur de tiaré et étrangement il se produit un effet "alimentaire" auquel je ne m'attends pas du tout. Je sens poindre une note gourmande, veloutée...un peu celle que je sens lorsque je râpe des copeaux de chocolat.
Un savant mélange ici de chocolat blanc et noir, mais ces notes sont absolument digestes. Point d'exagération calorique dans ce passage, (à la différence de Rahat Loukoum par exemple!).
Le plus surprenant est à venir cependant, car s'installe au fil des minutes la fameuse phase "amère"... Les larmes d'absinthe, herbe âcre, fée verte, coulent et tracent des sillons dans l'onctueux mais discret chocolat. Elles sont accompagnées de notes anisées qui confèrent une stupéfiante note de fraîcheur à la composition.
Les notes de coeur sont donc empreintes à la fois d'une suavité gourmande et d'une fraîche amertume. Singulière fragrance, paradoxale, presque déchirante comme une main tendue qui s'éloigne inexorablement...
Le troisième et dernier acte est à mon nez moins intéressant, il fait la part belle à une vanille chaude, boisée et musquée. On en oublierait presque l'improbable et belle dissonance de la phase intermédiaire du parfum...

Le temps s'égraine, je vieillis, les sucreries parfumées m'indiffèrent, au mieux m'amusent, mais je confesse avoir été envoûtée par la beauté gourmande non conventionnelle des deux premières phases de Douce Amère.


Notes: L'absinthe, la cannelle, le tiaré, le jasmin, le lys, la vanille.

NB: Il semblerait que ce parfum soit voué à disparaître tout prochainement de la collection export Serge Lutens, il devrait cependant en principe réintégrer les Salons du Palais Royal.